Appelés à la souffrance et à la joie : en vue de la sainteté et de l’espérance

Romains 5:1–8

Étant donc justifiés par la foi, nous avons la paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus-Christ; c’est à lui que nous devons d’avoir eu par la foi accès à cette grâce, dans laquelle nous demeurons fermes, et nous nous glorifions dans l’espérance de la gloire de Dieu. Bien plus, nous nous glorifions même dans les tribulations, sachant que la tribulation produit la persévérance, la persévérance une fidélité éprouvée, et la fidélité éprouvée l’espérance. Or, l’espérance ne trompe pas, parce que l’amour de Dieu est répandu dans nos cœurs par le Saint-Esprit qui nous a été donné. Car, lorsque nous étions encore sans force, Christ, au temps marqué, est mort pour des impies. A peine mourrait-on pour un juste; quelqu’un peut-être aurait le courage de mourir pour un homme qui est bon. Mais en ceci, Dieu prouve son amour envers nous: lorsque nous étions encore pécheurs, Christ est mort pour nous.

Ces quatre prochaines semaines, j’espère vous préparer à souffrir pour Christ. L’une des raisons pour cela est que la Bible dit que nous devons nous préparer à souffrir pour Christ et que la situation actuelle nous le demande aussi.

Se préparer à souffrir

David Barrett, le chercheur missionnaire qui a publié l’Oxford World Christian Encyclopedia, édite chaque année une mise à jour de l’état du mouvement chrétien dans le monde en émettant des hypothèses quant à l’avenir de l’année 2000. Dans la mise à jour de cette année 1992, il écrit qu’en 1980, il y a eu près de 270 000 martyrs chrétiens. Cette année il y en aura probablement 380 000 et en 2000, 500 000.1 Il s’agit de personnes qui meurent plus ou moins directement en lien avec leur foi chrétienne.

Aujourd’hui, en Somalie, des dizaines de milliers de chrétiens sont intentionnellement isolés et privés de nourriture par des factions rivales. Les tensions entre les populations musulmanes et chrétiennes au Nigéria menacent d’exploser. Des millions de chrétiens en Chine et dans d’autres pays vivent sous la menace permanente de harcèlement et d’emprisonnement.

Dans notre propre pays et dans la société séculière en général, surtout parmi l’élite et les leaders des médias, grandit l’hostilité envers l’Eglise Evangélique et la vision biblique de la justification et de la bonté que nous défendons. Le premier amendement a été écrit dans un sens qui favorise tellement l’antagonisme séculier, qu’il ne serait pas impossible de voir un jour un juge défendre la thèse que le fait que les services publics fournissent l’eau, l’électricité et les égouts aux églises chrétiennes représente l’établissement inconstitutionnel d’une religion par le moyen de ressources et de régulations gouvernementales.

Les manifestants pro-life pacifistes qui prient simplement dans les lieux publics, peuvent être agressés par les défenseurs de l’avortement, comme à Buffalo, à New York, et ne bénéficier d’aucune protection de la police, mais au contraire, être accusés d’un délit.

Le nom de Jésus est publiquement méprisé et blasphémé par des animateurs célèbres dans les médias, alors que dix ans auparavant cette façon de faire n’aurait pas été acceptée par le public. Aujourd’hui ces attitudes sont approuvées et on les laisse passer sans problème.

Le coût du Grand commandement

Tout cela aboutit au fait qu’être chrétien va nous coûter davantage dans les années à venir. L’accomplissement du Grand Commandement va coûter la vie à certains d’entre nous, comme cela est déjà le cas, et comme cela à toujours été. Il y a 1800 ans Tertullien disait « Nous, [les chrétiens] nous nous multiplions chaque fois que vous nous broyez ; le sang des chrétiens est une semence » (Apologeticus, 50). 200 ans plus tard, St Jérôme disait : « L’Eglise de Christ a été fondée sur notre sang répandu, et non celui des autres ; en supportant les outrages et non en les prodiguant. Les persécutions l’ont faite grandir, les martyrs sont sa couronne » (Lettre 82).

Nous parlons tant de pays fermés à l’Evangile, aujourd’hui, que nous avons presque perdu la perspective de Dieu à propos de la mission, comme s’il nous avait un jour dit que tout serait facile et que nous serions toujours en sécurité. Il n’existe pas de pays fermés pour ceux qui s’attendent à cette persécution, à l’emprisonnement, ou à la mort lorsque l’Evangile est annoncé. Jésus dit lui-même clairement qu’il faut s’attendre à ces conséquences. « Alors on vous livrera aux tourments, et l’on vous fera mourir, et vous serez haïs de toutes les nations, à cause de mon nom. » (Matthieu 24:9). S’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront aussi. » (Jean 15:20).

Tant que nous n’aurons par retrouvé la vision de Dieu sur la souffrance en lien avec l’annonce de l’Evangile, nous ne pourront nous réjouir des triomphes de la grâce qu’il a projetés.

L’obéissance dans la mission et la justice sociale ont toujours eu un prix élevé et ce sera toujours le cas. Dans le village de Miango, au Nigéria, il y a une maison d’accueil de la SIM et une petite église appelée Kirk Chapel. Derrière l’église se trouve un petit cimetière abritant 56 tombes. Trente-trois de ces tombes contiennent des enfants de missionnaires. On peut lire sur les stèles : « Ethyl Arnold: 1er Septembre 1928– 2 Septembre 1928. » « Barbara J. Swanson: 1946–1952.» « Eileen Louise Whitmoyer: 6 Mai 1952–3 Juillet 1955. » Ils ont été le prix à payer par de nombreuses familles pour que l’Evangile soit annoncé au Nigéria ces dernières années. Charles White m’a raconté son histoire lorsqu’il a visité ce petit cimetière. En partant, il a prononcé cette phrase forte : « La seule façon de comprendre le cimetière de Miango est de se souvenir que Dieu a aussi enterré son Fils sur le champ missionnaire. »2

Et lorsqu’il l’a ressuscité des morts, il a appelé l’Eglise à suivre ses pas dans le même champ « du monde entier » plein de dangers. Mais sommes-nous prêts à le suivre ?

Que faut-il faire de 2 Timothée 3:12 ?

Il y a deux ans, à Ermelo en Hollande, Frère André m’a raconté l’histoire d’un temps qu’il a passé à Budapest avec une douzaine de pasteurs de la ville pour leur donner des enseignements bibliques. Un vieil ami est entré, un pasteur de Roumanie qui était récemment sorti de prison. Frère André s’est arrêté d’enseigner, il savait qu’il était temps d’écouter.

Après un long silence le pasteur roumain a dit : « André, y-a-t-il des pasteurs emprisonnés en Hollande ? » « Non » répondit-il. « Pourquoi non ? » Demanda le pasteur. Frère André a réfléchi, puis il a répondu : « je pense que ce doit être parce que nous ne saisissons pas toutes les occasions que Dieu nous donne. »

Puis une question plus difficile est venue : « André, que fais-tu de 2 Timothée 3:12 ? » Frère André a ouvert sa Bible et a lu le texte à voix haute : « Tous ceux d’ailleurs qui veulent vivre pieusement en Christ-Jésus seront persécutés. » Il a fermé sa Bible doucement et il a dit : « Mon frère, pardon. Nous ne faisons rien de ce verset. »3

J’ai bien peur que nous ayons galvaudé le concept de la sainteté en une moralité inoffensive pour classe moyenne, de telle façon que 2 Timothée 3:12 est devenu incompréhensible. Je pense que beaucoup d’entre nous ne sont pas prêts à souffrir pour l’Evangile. Et c’est pourquoi je me sens appelé à prendre quatre semaines pour parler de ce que la Bible dit à ce sujet et de ce à quoi Dieu nous appelle aujourd’hui.

Quatre finalités bibliques de la souffrance

Chaque message correspond à une des quatre finalités de la souffrance. Nous pouvons parler de finalités de la souffrance car il s’agit d’intentions venant clairement de Dieu que nous passions quelquefois par la souffrance dans le cadre de la justification et de l’annonce de l’Evangile. Par exemple, « Ainsi, que ceux qui souffrent selon la volonté de Dieu, remettent leur âme au fidèle Créateur en faisant le bien. » (1 Pierre 4:19; cf. 3:17; Hébreux 12:4–11).

Les quatre finalités de la souffrance que j’ai en tête sont :

  1. La finalité morale, car la souffrance affine notre sanctification et notre espérance (Romains 5:1–8).

  2. La finalité de l’intimité avec Dieu, car dans la souffrance, notre relation avec Christ s’approfondit et s’adoucit (Philippiens 3:7–14).

  3. La finalité de la mission, car Dieu nous appelle à compléter le sens des afflictions de Christ alors que nous répandons la valeur de son affliction au travers de la réalité de la nôtre (Colossiens 1:24).

  4. La finalité de la gloire, car cette affliction légère et passagère agit en notre faveur pour nous accorder une valeur de gloire éternelle (2 Corinthiens 4:16–18).

La finalité morale (spirituelle) de la souffrance

Aujourd’hui nous allons nous concentrer sur la finalité morale ou spirituelle de la souffrance. Dieu a ordonné que nous souffrions pour l’Evangile et pour la cause de la justification à cause des effets moraux et spirituels que la souffrance aura sur nous.

Exulter dans l’espérance de la gloire de Dieu

Lisons un des grands textes traitant de ce sujet : Romains 5:3–4. Après avoir montré que nous sommes justifiés par la foi et que nous avons accès par Jésus à la grâce et que nous nous tenons dans la grâce, il dit dans le verset 2 que nous, chrétiens, « nous nous glorifions dans l’espérance de la gloire de Dieu. » La source principale de joie dans la vie chrétienne est l’attente impatiente de ce que nous verrons et partagerons lorsque nous serons dans la gloire de Dieu. L’espérance de la gloire de Dieu est le centre de notre joie.

Si cela est vrai, alors Paul est parfaitement logique lorsqu’il continue en disant aux versets 3 et 4 que nous exulterons aussi dans les choses qui font grandir notre espérance. Voici le raisonnement : nous commençons par l’espérance de la gloire de Dieu dans le verset 2, puis nous finissons par l’espérance à la fin du verset 4. L’idée est que si nous exultons dans l’espérance, nous exulterons dans ce qui provoque cette espérance.

Ce qui provoque notre espérance

Les versets 3 et 4 l’expliquent. « Bien plus, nous nous glorifions même dans les tribulations, sachant que la tribulation produit la persévérance, la persévérance une fidélité éprouvée [un sentiment d’approbation], et la fidélité éprouvée l’espérance. »

Donc, la raison pour laquelle nous nous glorifions dans les tribulations n’est pas que nous aimons avoir mal, être pauvre ou dans une situation difficile (nous ne sommes pas masochistes), mais la tribulation produit ce que nous aimons, c'est-à-dire, une espérance de plus en plus forte qui vient de l’expérience de la persévérance dans la patience et un sentiment d’approbation.

Dieu a des raisons de faire passer son peuple par la souffrance

La leçon principale que nous pouvons retirer ici est que notre souffrance a un but pour Dieu. Ce but est souvent différent des objectifs que nous nous fixons dans notre ministère. Le but du ministère peut être d’évangéliser les célibataires d’une ville qui ne vont pas à l’église, ou les professionnels qui travaillent en dehors de la ville, ou les musulmans turcs. Mais le but de Dieu pourrait être de renouveler l’espérance des pasteurs et missionnaires en les mettant en prison. Dieu fait toujours plus que cela (comme nous le verrons dans les semaines à venir), mais ce serait suffisant.

Autrement dit Dieu peut ne pas agir de la même façon du tout que nous dans les domaines de productivité et efficacité du ministère. Encore et encore, Paul a dû méditer sur l’œuvre étrange de Dieu durant ses temps d’emprisonnement, les moments où il a été battu, ses naufrages et lorsque ses projets ont été anéantis. Comment Dieu peut-il être si inefficace au point de voir sa mission bloquée ainsi encore et encore ? La réponse de ce texte (qui n’est pas la seule réponse) serait : Dieu est engagé à faire augmenter l’espérance et la sanctification de son peuple alors qu’il est dans le processus d’atteindre les non-atteints. Et seul Dieu sait comment équilibrer ces deux éléments et les accomplir au mieux.

Trois effets de l’affliction

Regardons maintenant aux effets de l’affliction, de façon plus spécifique. Trois effets spécifiques sont mentionnés dans les versets 3 et 4.

1. La persévérance

Premièrement, les tribulations produisent la persévérance, ou une patience qui supporte beaucoup de choses. Paul ne veut pas dire que cela soit toujours vrai. Pour beaucoup, les tribulations suscitent de la haine, de l’amertume, de la colère, du ressentiment et des plaintes. Mais ce n’est pas l’effet à long terme pour ceux qui sont habités par l’esprit de Christ. Pour eux l’effet est la patience qui supporte tout, car le fruit de l’esprit est la patience.

L’idée ici est qu’avant d’avoir vécu une période difficile dans notre vie, particulièrement une persécution à cause du nom de Christ et de notre justification en lui, nous n’avons pas expérimenté l’étendue et la profondeur de notre dévouement pour Christ. C’est dans les temps difficiles que nous savons si nous sommes chrétiens seulement quand tout va bien, tel que Jésus le décrit dans la parabole du semeur dans Marc 4:16–17 :

« D’autres reçoivent la semence dans des sols pierreux: aussitôt qu’ils entendent la parole, ils l’acceptent avec joie. Mais ils ne la laissent pas s’enraciner en eux, ils ne s’y attachent qu’un instant. Et alors, quand survient la détresse ou la persécution à cause de la parole de Dieu, ils renoncent bien vite à la foi. »

Paul dit donc que l’un des effets importants des tribulations est une patience endurante et la persévérance du peuple de Dieu, afin qu’ils puissent voir la fidélité de Dieu dans leur vie et savoir qu’ils lui appartiennent vraiment.

2. Une fidélité éprouvée

C’est le second effet mentionné au verset 4. « La persévérance une fidélité éprouvée ». Littéralement, le mot « dokimen » signifie « l’expérience d’être testé et approuvé. » Nous pourrions parler du fait d’être approuvé ou consacré.

Ce n’est pas difficile à comprendre. Si quand la tribulation arrive vous persévérez dans votre dévouement à Christ, et vous ne vous détournez pas de lui, alors vous sortez de cette expérience avec un sentiment plus réel d’exister, vous vous êtes révélé et vous n’êtes pas hypocrite. La tige de la confiance a plié mais elle ne s’est pas brisée. Votre fidélité et votre loyauté sont passées par le feu et en sont ressorties raffinées et non consumées.

C’est le deuxième effet de l’affliction : l’épreuve et le raffinage de l’or de votre engagement envers Jésus. La persévérance produit l’assurance de la consécration

3. L’espérance

Le troisième effet vient de ce sentiment d’avoir été éprouvé, approuvé et raffiné. Le verset 4b dit : « et la fidélité éprouvée l’espérance. » Ceci nous ramène au verset 2 : « nous nous glorifions dans l’espérance de la gloire de Dieu. » La vie chrétienne commence avec l’espérance en la promesse de Dieu qui est contenue dans l’Evangile, et elle nous entraîne au travers de l’affliction à expérimenter de plus en plus d’espérance.

L’épreuve produit davantage d’espérance parce que notre espérance grandit lorsque nous réalisons que nous sommes authentiques une fois que nous sommes passés par l’épreuve. Les personnes qui connaissent le mieux Dieu sont celles qui ont souffert avec Christ. Les personnes qui sont les plus immuables dans leur espérance sont celles qui ont été testées le plus profondément. Les personnes qui s’attendent le plus à voir la gloire de Dieu de la façon la plus fervente, et persévérante sont celles qui ont été dépouillées de leur confort au travers des tribulations.

Exulter dans l’espérance de la gloire en passant par les tribulations

La première chose que nous avons vue dans cette série à propos de la souffrance et de l’affliction est que Dieu a un but à accomplir. Ce but est de susciter la patience endurante de son peuple en l’honneur de son nom ; et au travers de cela de tester, d’éprouver et de raffiner la réalité de notre foi et de notre engagement envers Christ ; Puis au travers de cette consécration il nous affermit, approfondit et intensifie notre espérance.

Nous fixons des objectifs pour nos ministères en tant qu’églises (former des disciples dans la ville, conduire des petits groupes, établir un réseau d’évangélisation, défendre les enfants à naître ; mobiliser les jeunes et les enfants) ; nous avons une grande vision missionnaire pour envoyer 2000 personnes d’ici l’an 2000 ; nous avons un bâtiment à payer et un budget pour financer cela pour Christ et son royaume. Combien de tout cela, Dieu dans sa souveraineté accomplira-t-il ? Je ne sais pas. Mais ce que je sais, c’est que dans notre poursuite de l’obéissance à ces objectifs, Dieu a un but pour chaque obstacle, chaque frustration, chaque douleur et chaque affliction, et ce but est tout aussi important que les objectifs eux-mêmes : votre persévérance, votre fidélité éprouvée, et votre espérance de la gloire de Dieu.

Quoi que Dieu soit en train de faire au niveau de la planification de votre vie, il le fait toujours au niveau du cœur de votre vie. Alors exultons avec Paul dans l’espérance de la gloire et aussi dans les tribulations à venir.


1 International Bulletin of Missionary Research, vol. 16, n°1, Janvier 1992, p 27

2 Charles White, "Small Sacrifices," Christianity Today, vol. 36, no. 7, June 22, 1992, p. 33

3 Tiré de Herbert Schlossberg, Called to Suffer, Called to Triumph, (Portland: Multnomah Press, 1990), pp. 9–10